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COMMENT VOLER… AVIS D’EXPERTS

Nous avons rencontré pour vous ceux qui ont réussi à réaliser l’un des plus grand rêve de l’Homme, voler. Ils nous ont accordé quelques minutes sur leur fief à Saint-Leu pour nous parler de leur passion… Portrait…


Réunion Saveurs : Comment as-tu commencé le parapente ? En fait, je suis tombé dedans très petit en 1993 grâce à Monsieur Gilles Gigant (NDLR : l’un des Pionniers du parapente à La Réunion) mon parrain et puis, j’ai écumé les atterrissages pendant 4 ans avant de pouvoir voler parce que je n’avais pas l’âge à l’époque.

Ludovic Robert : Combien de temps dure la formation pour commencer vraiment à voler en solo ? En fait, il y a plusieurs phases dans la formation encadrée par les infrastructures labélisées par la Fédération Française. Vous avez le stage d’initiation et ensuite les premiers grands vols avec des moniteurs. Après, je dirais qu’il faut une bonne année de formation en volant régulièrement avec une soixantaine de vols pour être autonome.

Quel est ton parcours sportif ? J’ai quitté La Réunion pour aller au pôle espoir dans Les Pyrénées en 1999, j’y suis restée 3 ans et j’ai fais mes années lycée là-bas. A l’obtention de mon bac, je suis allé dans Les Alpes, au pôle France pendant 1 an. Ensuite je suis rentré au pays. J’ai repris la compétition en 2007 après m’être arrêté 5 ans, j’ai remporté ensuite la coupe de La Réunion en 2008, en 2009 j’étais dans les 4 premiers, en 2010, 2ème à la Coupe de La Réunion et 3ème au championnat.

Pour devenir champion ou du moins faire partie des meilleurs, cela demande beaucoup d’efforts, de sacrifices ? En fait, il y a un très bon niveau local mais l’expérience joue énormément. Il y a beaucoup de pilotes d’expérience et il faut voler, s’entraîner quoi. Comparé à toutes les régions de France, nous avons ici à l’île de la Réunion l’un des plus gros niveaux.

Et en termes d’infrastructures et des formations ? Pour ce qui est de la formation, de voler en tandem, au niveau du développement, c’est très bien rodé. Il faut savoir qu’au sein de la Ligue de La Réunion, il y a des gens actifs et ils se font connaître avec des compétitions internationales tous les ans. Pour la compétition, disons oui et non, ce sont surtout nous, pilotes, qui créons nos petites équipes, nous avons la motivation tous ensemble.

Un pilote de parapente peut donc devenir professionnel, gagner sa vie et en vivre ? Un pilote peut devenir professionnel sans avoir de rapport avec la compétition. Les compétiteurs ne gagnent pas leur vie dans le parapente, hormis peut-être les 3 premiers mondiaux. Sinon, pour les professionnels, c’est un processus de brevet d’Etat comme vous avez dans tous les sports, il y a des étapes à passer, ensuite diplôme obtenu, vous pouvez enseigner.

Devenir champion de La Réunion demande un certain nombre de compétitions, beaucoup d’implications ? En terme de résultats, les 10 premiers pilotes à La Réunion sont des pilotes d’expérience donc c’est surtout la ruse et l’expérience qui font les résultats. Pour nous, percer dans le milieu international demanderait énormément de sacrifices, il faut déjà se déplacer en Europe et par exemple un pilote qui suit un circuit Coupe du Monde, il y a 5 étapes dans l’année, il faudrait donc partir 5 fois 15 jours donc ça ne permet pas d’avoir un boulot à moins d’avoir un patron conciliant… Il faut aller au Brésil, en Turquie etc… au départ de La Réunion c’est extrêmement difficile.

As-tu déjà volé hors de l’île ? En fait, je pars tous les ans pour des compétitions internationales un peu partout. L’Afrique du Sud est pour moi un lieu de prédilection et nous y allons régulièrement depuis 4 ans. C’est une très belle compétition qui a lieu proche du Cap. Sinon, je me déplace surtout en Europe, Italie, Espagne, Métropole.

Par rapport à ces pays, la France et plus particulièrement la Réunion, se place comment en termes de résultats ? C’est incomparable. Aujourd’hui, la France est l’une des nations majeures dans la discipline. Cette année encore, le Champion du Monde est un français, l’équipe de France est championne du Monde par équipe, les deux meilleures féminines sont des françaises, bref nous sommes très bien placés. La France garde, cette année encore, le rôle de première nation avec les Suisses. A La Réunion, nous n’avons pas forcément le temps, ni les moyens. Un pilote réunionnais qui veut être bon à l’international doit s’expatrier.

Comment gagne-t-on une compétition ? C’est à celui qui en mettra le plus plein la vue aux autres ? Non, pas du tout. En fait, il y a des compétitions d’acrobaties et de distance, personnellement, c’est ce que j’ai choisi, c’est une « course au but » comme une régate de bateau. Vous avez un départ, des balises à contourner et une arrivée. A l’aide d’un GPS spécial pour le parapente, on y rentre le parcours et arrivé dans un rayon de 400 mètres par rapport à la balise, Celle-ci est validée ? Ensuite, c’est le premier qui passe la ligne d’arrivée qui a gagné.

Et les sensations en vol ? C’est pour moi une soupape de décompression. Il y a le boulot la semaine, la vie de famille, la maison et une fois que je suis au décollage, j’oublie tout, je m’évade. Je me surprends parfois là-haut, à siffler, à chanter, même à discuter… A 2000 m au-dessus de la forêt des Makes, au moment de me poser à Grand Anse ou à Saint-Joseph, vraiment ce sont des sensations formidables.

Une appréhension au moment de « s’envoyer en l’air » ? *rires*.. Toujours la première fois… Non, en fait je n’ai plus d’appréhension. On peut voler un peu partout, au Maïdo, aux Makes, au Piton des Neiges. En général, quand une personne ne connait pas le parapente, il a justement cette appréhension de « sauter dans le vide » alors que le décollage est super doux, surtout à Saint-Leu où l’avantage est de quitter progressivement le sol. Il n’y a pas de vertige en parapente. Ceux qui ont beaucoup d’appréhensions, une fois en l’air se disent : « Finalement, ce n’est que ça ».

Cela fait beaucoup de monde dans le ciel à certains moments, on a l’impression que les parapentistes vont se toucher tellement ils sont proches : Nous avons comme un Code de La Route donc avec des priorités. On se croise par la droite, on se dépasse par la gauche. Sauf en compétition, Ici, il n’y a jamais beaucoup de voiles en même temps. En compétition internationale, nous nous retrouvons très souvent à 150 parapentistes dans très peu d’espace. Nous avons déjà vu ici, 70 voiles en même temps en l’air et il arrive à un certain niveau que les voiles se touchent mais il n’y a pas de risque, il faut maîtriser les manœuvres d’évitement.

Alors avis aux amateurs de sensations fortes…

Ludovic Robert vous donne rendez-vous au prochain championnat de France de parapente à la Réunion du 5 au 12 novembre 2011 à Saint-Leu à l’île de la Réunion.