Chez les Gigant, le parapente est une vraie passion familiale transmise de père en fils. Gilles, le père, découvre la discipline en 1990 et se jette dans le vide sous le regard de son fils Vincent, qui emboitera le pas quelques années plus tard. 


Gilles, comment avez-vous démarré le parapente ? Dès que le parapente est arrivé à La Réunion en 1990, j’ai commencé à en rêver. Mon rêve d’enfant a toujours été de voler et un 1er mai, fête du travail, je suis allé au décollage juste pour voir et je me suis inscris tout de suite sans avoir fait, ni de vol découverte, ni de biplace, rien !! A partir de là, c’est devenu une passion et j’ai eu mon brevet de pilote en 1995. 

Et toi, Vincent tu as donc attrapé le virus par ton père ? C’est mon plus vieux souvenir. Grandir là-dedans et voir son père se préparer pour voler, c’est magique et on se dit alors qu’un jour on aura 14 ans. Mais j’ai plutôt débuté le parapente à 17 ans car j’étais plus attiré par les sports mécaniques, les motos, les compétitions de motocross et maintenant c’est le parapente. Comparé à la moto, c’est vraiment le sport qui vous fait tout oublier.

Comment sont les conditions de vol à La Réunion ? Gilles : L’un des avantages à La Réunion est de pouvoir se rendre d’un site à l’autre en moins d’une heure donc si les conditions ne sont pas réunis ici, direction le nord ou ailleurs. L’autre avantage est de pouvoir voler toute l’année.

Quel est votre parcours ? Gilles : J’ai commencé en 1991, obtenu mon brevet de pilote en 1995 et ça fait donc presque une vingtaine d’années que je vole. J’ai fais un petit peu de compétitions mais je vole surtout pour le plaisir. J’ai eu l’occasion de participer à quelques stages de performances avec des personnes de l’extérieur qui sont venus à la Réunion, cela nous a permis de voler au Piton des Neiges, au Maïdo qui est un site magnifique mais là c’est vraiment le saut dans le vide et non pas un décollage, on se jette de la falaise. Il faut avoir vraiment beaucoup d’expériences et ces sites sont réservés aux pilotes confirmés qui ont le brevet. Toutefois, voler sans brevet est autorisé, il suffit juste d’avoir une assurance en Responsabilité Civile. L’assurance est obligatoire, pas le brevet, hormis pour les compétitions et pour voler sur certains sites.

Diriez-vous que c’est un sport dangereux ? Ce n’est pas plus dangereux que les autres sports. Il y a moins d’accidents de parapente que d’accidents de moto ou autres mais il y en a malheureusement.

Une voile a une durée de vie de combien de temps en parlant de sécurité ? Gilles : Nous parlons plus en nombre d’heures de vol. Je ne sais pas exactement mais comme le parapente évolue beaucoup, il faut changer de voile au fur et à mesure même si elle est encore bonne. Pour quelqu’un comme moi, la voile sera changée tous les ans. Ludovic (NDLR : Ludovic Robert, champion de la Réunion 2008) faisant de la compétition en changera tous les 3 à 4 mois. Quand j’ai commencé, les voiles ne pouvaient pas directement pour arriver sur le site d’atterrissage, par manque de finesse. Sur 10 voiles, 5 allaient dans les cannes à sucre ou dans les jardins aux alentours. Aujourd’hui, c’est vraiment planer et non plus chuter. Même les amateurs de deltaplane se sont mis au parapente à la Réunion parce que cela vole presque aussi bien, d’ailleurs depuis ce matin, il n’y a pas un seul deltaplane. Les sensations sont différentes mais il y a autant de plaisir et il est possible de partir aussi loin qu’avec un deltaplane.

Vincent : il faut dire aussi qu’il existe des contrôles techniques et des révisions de parapente. Les écoles le font : ils déposent la voile et révisent notamment les suspentes.

Au niveau espace aérien, n’y a-t-il pas d’autres dangers, par exemple avec les hélicoptères ? Gilles : Saint-Leu est un site homologué donc hélico et avions ne s’en approchent pas. Les parapentistes et autres vols libres n’ont pas le droit de s’approcher des aéroports, il y a des règles à respecter, par exemple ne pas voler dans les nuages à cause des avions. Tout se passe très bien en respectant ces règles de sécurité. Nous avons aussi des voiles très visibles presque fluo et la radio pour communiquer entre parapentistes.

Quel est le prix moyen pour une voile ? Gilles : en dessous de 1500eu pour une voile d’occasion, il est préférable de ne pas l’acheter. C’est comme pour un véhicule, il y a le bas de gamme et le reste. Ensuite, il y a tout l’équipement : le casque, la radio, l’altimètre, la boussole, le GPS… Mais disons que les accessoires principaux sont le casque, la radio et les chaussures montantes, le reste c’est du bonus.

Et à la Réunion selon vous, que manque-t-il au parapente ? Vincent : je dirais des pistes d’atterrissage. Ici, à Saint-Leu, il y en a une mais sur les autres sites, il faut atterrir sur des terrains privés et les propriétaires n’apprécient pas du tout.

Vous conseillez donc sans hésiter au plus grand nombre d’essayer le parapente ? Gilles : personnellement oui. C’est le fameux dicton : essayer c’est l’adopter. En vol, c’est une sensation de liberté, pas de bruit, pas de moteurs, tout entendre et voir très loin. Nous entendons les chiens aboyer et sentons même l’odeur du bon café en train d’être préparé. On est vraiment libre. Parfois, les pailles en queue s’alignent à coté de nous et nous les entendons crier.

Vincent : c’est un sport qui nous permet de ressentir la nature, d’observer les oiseaux qui, lorsqu’ils changent de direction, nous indiquent les mouvements du vent. C’est faire corps avec la nature et beaucoup d’instinct.

Il y a aussi le parapente déguisé, c’est un moment très sympa de voir voler de gros poussins, des barques, des bateaux et même un parapentiste jouant du saxo dans un fauteuil.